Résultats de recherche pour “Marc Quaghebeur” 1 à 30 (42)

Histoire, forme et sens en littérature. La Belgique francophone (tome 3) : L'évitement (1945 - 1970)

Ce troisième tome de la recherche de Marc Quaghebeur s’attache au quart de siècle qui fait suite à la libération de la Belgique du joug nazi, période considérée comme celle des « trente Glorieuses ». Le redémarrage économico-social sous parapluie américain y va de pair culturellement avec une perspective humaniste soucieuse de dépasser ou d’occulter les contradictions historiques et de célébrer l’évidence universelle de la…

Histoire, forme et sens en littérature. La Belgique francophone (tome 1) : L’engendrement (1815-1914)

Dans la collection « Documents pour l’Histoire des Francophonies » qu’il dirige aux éditions Peter Lang, Marc Quaghebeur publie le premier volume d’une somme qui en comptera cinq : Histoire, Forme et Sens en littérature. La Belgique francophone . Si l’auteur y rassemble – encouragé par le regretté Jean Louvet – une série d’articles publiés depuis 1990, il ne s’agit pas d’une simple réédition : sélectionnés avec soin, les textes ont été retravaillés parfois en profondeur, ré-intitulés, ordonnés à la fois selon la chronologie des périodes traitées et selon le point de vue adopté. Ces coups de projecteur mettent en relief avec une grande précision la diversité et la complexité des relations entre histoire générale et œuvres littéraires – car tel est le fil conducteur de l’entreprise. Sans s’attarder aux micro-structures textuelles – de minimis non curat praetor –, l’auteur parcourt à grandes enjambées les siècles et les règnes, le champ international de préférence aux terroirs, les mythes nationaux et les idéologies officielles, le romanesque et le théâtral davantage que la poésie, les récits extravertis plutôt que les introvertis. Ainsi traque-t-il obstinément « l’enracinement et l’articulation des faits littéraires dans et à l’Histoire », ses recherches l’ayant progressivement convaincu qu’il existe un « lien génétique entre l’Histoire et les Formes ». L’entreprise n’est pas sans risque. Expliquer le surgissement et le contenu des œuvres littéraires par les caractéristiques du contexte où elles sont nées mène généralement à une vision déterministe où sont oubliées tant la position spécifiquement subjective de l’écrivain que la structure interne du texte. M. Quaghebeur ne tombe pas dans ce travers positiviste, précisément parce qu’il ne fait pas de l’explication de texte. Ce qui l’intéresse chez De Coster ou Kalisky en passant par Verhaeren, Maeterlinck, Bauchau, Compère, c’est de repérer dans leurs écrits les échos – tantôt manifestes, tantôt plus discrets – de l’histoire passée ou contemporaine de la Belgique, et d’analyser ces échos pour en identifier la logique sous-jacente : idéalisation de personnages ou d’épisodes, mythification, déformation, parodie, dénégation, etc.  Il affirme en particulier la propension des écrivains belges à éluder les événements survenus, à se réfugier dans l’imaginaire, le légendaire, le fantastique. Et « si renvoi à l’Histoire il y a dans la fiction belge de langue française, c’est foncièrement à travers les figures de l’échec historique ou de la sortie de l’Histoire »…  Avisé, l’auteur ne se contente pas de revisiter le panthéon des chefs-d’œuvres estampillés, lequel donne de toute littérature une image faussée. D’une part, il redécouvre des livres peu connus de Nirep, G. Eekhoud, M. Van Rysselberghe, Rosny ainé, sans négliger les genres paralittéraires comme la bande dessinée ; d’autre part, il examine de nombreux ouvrages, textes et articles non littéraires qui concernent l’histoire et l’identité nationales, offrant ainsi d’utiles points de comparaison ou de référence.Intitulé L’engendrement (1815-1914) , ce Tome 1 montre l’importance de certains mythes dans la construction de l’identité nationale, particulièrement l’« âge d’or » de la période 1450-1560, ou la « culture belge » comme confluent des cultures latine et germanique, tandis que le rapport à la France fait l’objet d’une attention soutenue, notamment en ce qui concerne la question de la langue ou l’histoire des lettres à la Gustave Lanson ; la colonisation du Congo et le déclenchement de la Grande Guerre ne sont pas, eux non plus, sans relation avec la production littéraire, ce que l’auteur démontre de manière convaincante. D’une grande richesse intellectuelle et informative, ces pages sont toutefois d’une lecture ardue. La formulation est souvent abstraite, elliptique, surtout dans les passages généralisants. Plus curieusement, M. Quaghebeur ne définit pas les grands concepts sur lesquels s’appuie son édifice. Ainsi, ce qu’il dénomme l’« Histoire » se réduit le plus souvent, sous sa plume, à l’exercice du pouvoir, de la domination, avec la place prépondérante donnée aux volontés des puissants, ce pour quoi il peut qualifier de « sorties de l’Histoire » l’exil d’Œdipe ou l’abdication de Charles Quint. Quant aux « Formes » littéraires qui seraient déterminées par les vicissitudes historiques, ce vocable ne semble pas désigner le genre ou le style, comme on s’y attendrait, mais plutôt la thématique et l’imaginaire des œuvres…  Bref, l’ouvrage est visiblement destiné à un cercle étroit d’universitaires expérimentés. Daniel Laroche L'auteur met en relation la fin de la révolution de 1830, qui voit la naissance d'une Belgique moderne, et l'apparition d'une littérature francophone belge singulière, en rapport avec le contexte historique, et qui se distingue de la littérature…

Balises pour l’histoire des lettres belges

En 1976, la notion de belgitude ouvrit le débat qui devait s’avérer fécond. Consacré à la Belgique, Europalia…

Histoire, forme et sens en littérature. La Belgique francophone (tome 2) : L’ébranlement (1914-1944)

Etude de l'impact des événements historiques de l'époque (l'invasion allemande d'août 1914, la résistance imprévue de l'armée belge, le sentiment antiallemand, l'adoption du suffrage universel pour les hommes) sur les grands auteurs de l'époque léopoldienne. Passe en revue l'affirmation du fantastique réel chez des auteurs comme F. Hellens ou C. Thiry ou les innovations langagières…

Histoire, forme et sens en littérature. La Belgique francophone. Tome 2 – L’ébranlement (1914-1944)

Que reste-t-il à apprendre de la « littérature belge » ? Bien des choses, voire tout. À commencer par la précarité même de cette appellation d’origine incontrôlable, peu protégée des ébranlements et des effondrements du pays dont elle est censée émaner. Au sortir des tranchées de la Grande Guerre, l’adjectif « belge » n’aura plus guère de sens pour certains, et il s’agira de s’interroger sur les périphrases qui lui tiendront lieu de substitut. « Francophones » ou « françaises », nos Lettres ? Et situées où, « en » ou « de » Belgique ? L’épineux débat et la susceptibilité que suscite la problématique va jusqu’à se loger dans une préposition… Une seule certitude : quiconque voudra comprendre les lignes de fracture, les tensions internes et les courants d’énergie qui les ont marquées, ne pourra faire l’économie du travail que mène avec patience et passion Marc Quaghebeur. Inutile de vous précipiter vers les Belgicanae de votre bibliothèque pour en ressortir, d’un geste fier, le volume des Balises… , et de décréter « Ceci suffira ». En effet, maintenant que les jalons ont été posés, Marc Quaghebeur troque ses instruments d’arpenteur contre des sondes, qu’il enfonce jusqu’aux nappes phréatiques de la création littéraire belge. Le second carottage traverse une épaisseur de trois décennies, les plus contrariées et douloureuses sans doute de notre passé national, celles qui s’étendent de 1914 à 1944. Et ce qui remonte à la surface est fait d’une matière dense, qui tient autant de la tourbe que du limon ; il faut dire que, d’une apocalypse l’autre, le terrain aura été fécondé d’un bien tragique engrais.Quaghebeur envisage d’emblée une donnée fondamentale à la compréhension de la formation du regard sur une identité naguère encore unitaire : l’effondrement de l’illusion germanique. Ce changement paradigmatique révèle une véritable faille entre les deux communautés qui jusqu’alors jouaient la partition d’une synthèse germano-latine, certes nourrie de mythes fondateurs et de vision idéalisée, mais cohérente avec la notion picardienne d’âme belge. Des traumatismes idéologiques précis, telle la Flamenpolitik mise en place par l’occupant de 1914, auront raison de l’estime des francophones, animés de sentiments germanophobes, envers le flamand, idiome assimilé à du «  bas-allemand  » et considéré désormais comme « un succédané de la culture de l’envahisseur, sans rapport avec le mythe de la Flandre littéraire et picturale qui fonda l’imaginaire francophone du XIXe siècle en Belgique  ». À tenter un raccourci fulgurant, on voit Thyl Ulenspiegel, jusqu’alors incarnation principielle du « petit Belge » insoumis et libre, définitivement descendu de son piédestal pour céder, en matière de représentation universelle, la place à un certain ketje de Bruxelles portant houppe et pantalons de golf.Mais Marc Quaghebeur ne s’arrête pas en si bon chemin pour dissiper les obscurités d’une époque si trouble. Dans son propos général, qui occupe la première moitié du volume, il s’attache à étudier concomitamment les nouveaux positionnements qui s’instaurent à l’égard de la langue et de l’imaginaire. Pour ce faire, l’essayiste se refuse à la facilité qui consisterait à ne recourir qu’aux noms éminents, aux titres rebattus. Ainsi tire-t-il de leur purgatoire des relégués du calibre de Henri Davignon ou de Raymond Colleye (qui proposait modestement en 1918 de faire sauter le lion de Waterloo « afin de célébrer l’union franco-wallonne » !), il exploite les souvenirs de plumes aussi contrastées que celles de Henri Pirenne, Pierre Daye ou Jules Destrée, il exhume des textes chez Hellens, Willems ou Pansaers, il nous fait comprendre enfin qu’il a lu toutes les revues, ouvert le moindre manuel scolaire, pesé chacun des termes du Manifeste du Lundi .Sa façon d’aborder le fantastique réel, le rapport – tantôt déférent, tantôt titillé de subversions ensauvagées – de nos auteurs à la norme académique, les ressorts de la dramaturgie expressionniste, les spécificités du surréalisme belge (en tout cas bruxellois), la mémoire coloniale et tant d’autres thèmes transversaux, atteste d’une maîtrise du sujet qui confine à la maestria , lorsque l’on en vient à considérer, après le fond, la forme de son propos.Car là aussi, Quaghebeur excelle, et l’on s’en convainc sans peine en passant à la deuxième moitié de l’ouvrage, où sont rassemblées des études de cas. Chacune de ces contributions constitue en soi une leçon d’écriture , dans la mesure où elle est rédigée dans une prose qui allie ductilité et précision. Certaines instillent même chez le lecteur l’espoir de voir rééditer l’œuvre qui y est abordée, mais oui, puisque la préface est déjà là, sous nos yeux ! Un seul exemple, des plus audacieux : les pages définitives que Quaghebeur consacre à la «  saga méta-historique  » du Prince d’Olzheim de Pierre Nothomb et qui, à elles seules, plaident pour la remise à disposition de ce cycle au sein de notre patrimoine.Si complex(é)e, dédoublée ou schizophrénique qu’on la juge, notre littérature est avant tout d’une richesse extraordinaire. Le minutieux et salutaire décryptage de Marc Quaghebeur en apporte une…

Histoire, forme et sens en littérature. La Belgique francophone. Tome 1 – L’engendrement (1815-1914)

Dans la collection « Documents pour l’Histoire des Francophonies » qu’il dirige aux éditions Peter Lang, Marc Quaghebeur publie le premier volume d’une somme qui en comptera cinq : Histoire, Forme et Sens en littérature. La Belgique francophone . Si l’auteur y rassemble – encouragé par le regretté Jean Louvet – une série d’articles publiés depuis 1990, il ne s’agit pas d’une simple réédition : sélectionnés avec soin, les textes ont été retravaillés parfois en profondeur, ré-intitulés, ordonnés à la fois selon la chronologie des périodes traitées et selon le point de vue adopté. Ces coups de projecteur mettent en relief avec une grande précision la diversité et la complexité des relations entre histoire générale et œuvres littéraires – car tel est le fil conducteur de l’entreprise. Sans s’attarder aux micro-structures textuelles – de minimis non curat praetor –, l’auteur parcourt à grandes enjambées les siècles et les règnes, le champ international de préférence aux terroirs, les mythes nationaux et les idéologies officielles, le romanesque et le théâtral davantage que la poésie, les récits extravertis plutôt que les introvertis. Ainsi traque-t-il obstinément « l’enracinement et l’articulation des faits littéraires dans et à l’Histoire », ses recherches l’ayant progressivement convaincu qu’il existe un « lien génétique entre l’Histoire et les Formes ». L’entreprise n’est pas sans risque. Expliquer le surgissement et le contenu des œuvres littéraires par les caractéristiques du contexte où elles sont nées mène généralement à une vision déterministe où sont oubliées tant la position spécifiquement subjective de l’écrivain que la structure interne du texte. M. Quaghebeur ne tombe pas dans ce travers positiviste, précisément parce qu’il ne fait pas de l’explication de texte. Ce qui l’intéresse chez De Coster ou Kalisky en passant par Verhaeren, Maeterlinck, Bauchau, Compère, c’est de repérer dans leurs écrits les échos – tantôt manifestes, tantôt plus discrets – de l’histoire passée ou contemporaine de la Belgique, et d’analyser ces échos pour en identifier la logique sous-jacente : idéalisation de personnages ou d’épisodes, mythification, déformation, parodie, dénégation, etc.  Il affirme en particulier la propension des écrivains belges à éluder les événements survenus, à se réfugier dans l’imaginaire, le légendaire, le fantastique. Et « si renvoi à l’Histoire il y a dans la fiction belge de langue française, c’est foncièrement à travers les figures de l’échec historique ou de la sortie de l’Histoire »…  Avisé, l’auteur ne se contente pas de revisiter le panthéon des chefs-d’œuvres estampillés, lequel donne de toute littérature une image faussée. D’une part, il redécouvre des livres peu connus de Nirep, G. Eekhoud, M. Van Rysselberghe, Rosny ainé, sans négliger les genres paralittéraires comme la bande dessinée ; d’autre part, il examine de nombreux ouvrages, textes et articles non littéraires qui concernent l’histoire et l’identité nationales, offrant ainsi d’utiles points de comparaison ou de référence.Intitulé L’engendrement (1815-1914) , ce Tome 1 montre l’importance de certains mythes dans la construction de l’identité nationale, particulièrement l’« âge d’or » de la période 1450-1560, ou la « culture belge » comme confluent des cultures latine et germanique, tandis que le rapport à la France fait l’objet d’une attention soutenue, notamment en ce qui concerne la question de la langue ou l’histoire des lettres à la Gustave Lanson ; la colonisation du Congo et le déclenchement de la Grande Guerre ne sont pas, eux non plus, sans relation avec la production littéraire, ce que l’auteur démontre de manière convaincante. D’une grande richesse intellectuelle et informative, ces pages sont toutefois d’une lecture ardue. La formulation est souvent abstraite, elliptique, surtout dans les passages généralisants. Plus curieusement, M. Quaghebeur ne définit pas les grands concepts sur lesquels s’appuie son édifice. Ainsi, ce qu’il dénomme l’« Histoire » se réduit le plus souvent, sous sa plume, à l’exercice du pouvoir, de la domination, avec la place prépondérante donnée aux volontés des puissants, ce pour quoi il peut qualifier de « sorties de l’Histoire » l’exil d’Œdipe ou l’abdication de Charles Quint. Quant aux « Formes » littéraires qui seraient déterminées par les vicissitudes historiques, ce vocable ne semble pas désigner le genre ou le style, comme on s’y attendrait, mais plutôt la thématique et l’imaginaire des œuvres…  Bref, l’ouvrage est visiblement destiné à un cercle étroit d’universitaires expérimentés. Daniel Laroche Partagez : Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Cliquer pour envoyer un lien par e-mail à un ami(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)…

Histoire, forme et sens en littérature. La Belgique francophone Tome 3 – L’évitement (1945-1970)

Comment mieux plaider l’existence d’une littérature de Belgique francophone, comment la défendre quand elle a pendant trop longtemps été considérée comme périphérique, complexée et mineure, qu’en en saisissant l’ histoire , la forme et le sens  ? Ces trois maîtres mots président à la démarche de Marc Quaghebeur depuis le premier volume du grand récit qu’il en a entamé en 2015 . Le chantier est immense : il faut faire émerger les figures puis interroger le rapport organique qu’elles entretiennent avec leur œuvre respective ; il faut les inscrire dans des veines, des tendances, des lignes de force, interroger la nature des rencontres, tisser les dialogues et rendre compte aussi des percussions ; enfin, faire résonner le tout avec cette vaste chambre d’écho qu’est le siècle qui l’a pétrie. C’est en somme un travail davantage musical que scriptural, et l’impression de voir se développer une partition se confirme à la découverte de ce troisième volume (sur quatre annoncés) En homme de goût parfait, Quaghebeur a choisi d’illustrer la couverture avec un logogramme peu connu de Christian Dotremont, zébrant en rouge et noir Un grenier répandu, une fête pas assemblée . Et c’est bien ce que représentent ces vingt-cinq années de création romanesque, poétique ou théâtrale. Alors que, pendant les années de guerre, l’isolationnisme culturel imposé par les autorités d’occupation – et marqué notamment par l’interdiction de circulation des livres français sur le territoire – a pu donner aux écrivains francophones de Belgique l’illusion d’une existence autonome, au sortir du désastre, le recentrage sur la France et le tropisme parisien sont drastiques.Est-il encore possible de s’exclamer « Soyons nous » si l’impératif réel est d’« écrire comme eux », aussi bien et aussi correctement ? Le gommage de l’expression identitaire, à travers un lexique, une langue ou un style particulier, est total. Entre classicisme lundiste et enfièvrement ludique, franges paralittéraires et marges expressives, les écrivain.e.s cherchent autant d’échappatoires à leur condition profonde de « Belges ». Le sous-titre du volume n’est pas pour rien «  L’évitement  »… Puis de nouveaux apports entrent en jeu, qui rebattent définitivement l’équation un sol/une langue/un peuple, déjà si malmenée et complexe pour un pays bicommunautaire : l’arrivée d’ouvriers italiens et de leurs familles est le premier mouvement migratoire de masse qu’expérimente la population autochtone ; pendant quinze ans aussi, on voit les derniers feux de l’« Empire de Papa » avant que le Congo prenne son indépendance…Cette tranche chronologique – et c’est l’immense mérite de Quaghebeur que de le prouver – n’a donc rien d’une parenthèse creuse. Elle est au contraire riche d’œuvres qui, par leur mise en relation constante avec l’ histoire , ont forme et prennent sens . Non pas qu’elles proposent de dire frontalement le réel (il faudra attendre le quatrième volume pour voir comment des Conrad Detrez ou des Pierre Mertens liront et écriront l’histoire de Belgique), mais bien parce qu’elles tentent d’apporter une réponse originale au traumatisme majeur qui aurait pu la laisser groggy, après Hiroshima et Auschwitz. «  À leur manière, les choix néoclassiques font pendant, sur un plan idéal, aux objectifs de reconstruction nationale, non idéologisée, du pays ainsi qu’au dépassement des camps d’extermination. Ne frappaient-ils pas d’inanité l’exaltation des nations tout autant que la conviction du caractère téléologique de l’Histoire ?  »L’évitement n’est donc en rien lâcheté posturale, mais bien déport de la conscience et de la sensibilité vers le ressourcement dans le mythe (Bauchau), le réalisme magique (Willems), l’expression d’un espoir ontologique (Paul Nothomb), la poétisation analogique de soi (Lilar), le libre franchissement des limites expressives (Dotremont), l’iconoclasme pur (Mariën).Et parlant d’iconoclasme, Quaghebeur n’est pas en reste, quand il ose terminer son tour d’horizon avec le Grand Jacques. Provocation que de consacrer vingt-cinq pages à un chansonnier ? Interdiction formelle de les sauter pourtant, car le phénomène Brel incarne justement le point de charnière entre cette période morcelée et la suivante, qui sera soclée sur la « Belgitude ». Un mot dont la première occurrence, à en croire Olivier Todd, pourrait bien ne s’être pas trouvée dans le numéro des Nouvelles littéraires qui l’imposa mais dans la tête du chanteur dès le début des années 1970. Et, à coup sûr, dans la déchirante (et trop longtemps restée inédite) chanson Mai 40 … Brel aura enté dans le patrimoine de la chanson française nos tiraillements et écorchements, notre ulenspieghelitude et notre grandiose petitesse, notre carnavalesque délirant et nos confuses rêveries. Sa voix module ce que celles de tous les prédécesseurs rassemblés dans ce volume ont exprimé en sourdine sur la page blanche. Et tout cela, il fallait le maestro Quaghebeur pour si bien nous le faire percevoir. Frédéric Saenen Plus…

Un Faust

Une variation actualisé du grand mythe faustien. Créé en 1985 par l'ensemble Théâtral Mobile dans une mise en scène de Marc Liebens, suivant une dramaturgie de Michelle Fabien. La pièce a été rééditée…

Théâtre 5

Ce qui me séduit, c’est de rencontrer quelqu’un qui sonne juste . […] Quand je dis qu’il doit sonner juste, c’est par rapport à ce qu’il dit, à ce qu’il est et à ce qu’il va faire.…